La semaine dernière, je suis remonté

seul voir comment tout se passait. De

gros travaux sur la route en contrebas

m'inquiétait un peu. Une amie m'avait même communiqué le contact de Paul Géroudet, l'un des meilleurs spécialistes français des oiseaux, passereaux et rapaces, et qui aurait pu, si le besoin s'en faisait sentir, sonner quelques cloches au ministère. Les explosions ne constituent pas en effet le meilleur environnement pour des rapaces en période de nidification ! J'ai pu m'assurer que les choses allaient leur cours... Plus que 2 aiglons, chose "normale" compte tenu de la météo des semaines précédentes qui a peu facilité la tâche des parents

Aujourd'hui, nous avons décidé avec Olivier de tenter d'approcher l'aire de près, une cinquantaine de mètres environ. Nous attaquons la montée, un peu chargée, arrivons au sommet avec un temps mitigé puis commençons la descente : pente très raide, éboulis très ébouleux, bref le régal ! Nous avons un peu de mal à nous orienter dans ce bois de buis et de pins sylvestres. Nous décidons de couper main droite et, miracle, nous tombons exactement là nous voulions, c'est à dire à peu de distance de l'aire.

Il n'y a plus qu'un aiglon visible, qui pousse quelques cris la tête tournée vers le ciel. Nous nous régalons : sans le perturber, nous avons la chance d'assister à des moments que peu de personnes, les mordus mis à part, ont pu voir. L'oisillon, qui a maintenant la taille d'une petite dinde, fait quelques battements d'aile. Plus que 5 semaines et ce sera l'envol. La musculature augmente avec ces exercices.

Nous passons ainsi 3 heures à l'observer. L'attente est longue. Chico Tico, puisque c'est ainsi que nous avons baptisé l'aiglon, est couché. Je sors de l'affût, m'étire un peu. Tout est calme et il semble que rien ne veuille bouger là-haut. Je commence à chantonner I shot the Sheriff de Sir Marley quand un aigle nous survole à peu de distance. Je m'immobilise et attends. Il n'avait rien dans les serres mais on est passé près de la "boulette". Finalement, vers 14h30, nous entendons les cris des adultes auxquels répond l'oisillon. Un des parents se pose à l'aire avec une marmotte dans les serres, l'autre tourne près des falaises. Nous retenons notre souffle en espérant qu'ils ne nous aient pas vus. L'adulte redécolle immédiatement,

rejoint son conjoint et ils partent tous les deux. C.T. s'est jeté sur la proie et dévore pendant 5 ou 6 minutes, puis se couche et s'endort, comme un gros bébé. Il recommencera son repas un quart d'heure plus tard.

Les premières gouttent tombent, il nous faut encore refaire le chemin inverse. Nous remballons rapidement le matériel et repartons, impatient de revenir voir l'envol de l'aiglon...

Les vigoureux battements d'ailes seront répétés de nombreuses fois.
Chico dévore une partie de la marmotte apportée par ses parents.

L'aiglon voit un de ses parents survoler la falaise abritant l'aire
8 juin
Suite le 19 juillet