Je suis le sentier qui grimpe sur le flanc de la montagne
puis je le quitte et continue face à la pente, entre les
genêts et les pieds de thym. Le soleil
est au rendez-vous mais la température est encore hivernale : pantalon
de ski, micropolaire, polaire et coupe vent ne sont pas de trop. J'atteints
la crête, le souffle court et cherche un endroit qui me permettra d'avoir
la meilleure vue sur la barre rocheuse qui m'intéresse. Je n'ai pas
le temps de poser mon sac que déjà j'aperçois une grande
silhouette sombre. Les yeux rivés aux jumelles, je découvre
un jeune aigle de l'année, une belle barre blanche sur la queue et
les cocardes de la même couleur sous les ailes. Il plane tranquillement
en "orbant" puis disparaît derrière la crête.
Vingt minutes plus tard un autre oiseau plane sur le sommet quelques
1000 mètres plus haut. C'est un adulte ou un subadulte, plumage sombre,
la tête étincelante de cette couleur dorée qui a valu
à cet aigle son nom de golden eagle en anglais. Je le perds alors qu'il
évolue devant les mélèzes...
15H05 Un adulte passe devant les
falaises à 400 mètres de moi. Je le retrouve en train de cercler
avec un autre adulte, sur fond de ciel bleu. Les vols "synchronisés"
font partis des pariades, les parades amoureuses, de nombreux rapaces... Je
brûle.Après 5 minutes de ce manège, un des 2 oiseaux se
pose sur un vieux mélèze qui pousse dans le prolongement de
la crête. Le deuxième le suit de près et atterrit, en
douceur, sur son dos. L'accouplement est bref, les deux aigles redécollent.
j'en perds un sur fond de pins sylvestres, le second se perche sur un rocher
en crête au dessus des falaises qui me font face et commence à
lisser son plumage.
Scrutant la cime des arbres, je tombe enfin sur le mâle. Je n'ai guère le temps de le détailler : il se laisse tomber dans le vide, casse les ailes et rejoint la femelle en piqué. Les 2 oiseaux fondent sur le jeune qui trainait dans les parages une heure plus tôt. C'est certainement l'aiglon de l'année précedente qui revient sur le territoire de ses parents. Il se met à battre rapidement des ailes, autant qu'il peut le faire avec ses 2 mètres et quelques d'envergure et ne demande pas son reste.
J'assisterais à un nouvel accouplement une demi-heure plus tard. Les deux oiseaux quittent le site vers 16h30, haut dans le ciel, en direction de leur territoire de chasse...