Plus d'un mois s'est écoulé depuis le 9 février. Entre temps, nous

avons tenté de nous rapprocher du perchoir. Une première journée

dans la brume et sous la pluie nous a seulement permis de voir que

le perchoir était régulièrement occupé, ce grâce aux traces de fientes bien visibles sur les arrêtes du petit pic. J'ai ensuite surpris un matin de bonne heure un adulte sur ce même perchoir, et une visite au sommet, toujours peu engageant quand on a pas d'équipement, m'a permis de récupérer une pelote de réjection coincée dans la fente du calcaire. Olivier en a fait la dissection...

Nous avons donc décidé de monter un affût, afin de prendre quelques clichés. Trois branches mortes, 2 pierres, quelques rameaux de buis et le tour est joué.

Olivier ne m'accompagne pas pour cette première journée d'observation, il a du redescendre sur Cannes. J'arrive en haut vers 8h15. Le soleil apparaît à l'est, petit cercle rougissant au dessus des sommets blanchis. Je me glisse sous les buis, met en place le filet de camouflage qui sert de porte (Si jamais vous décidez d'en acheter un, assurez vous avant que son odeur ne soit pas trop désagréable, les heures d'attente avec des relents nauséabonds sont à proscrire). Trépied, objectif, boîtier, doubleur, tout le matériel est sorti et monté. Un mini filet cache l'objectif. Un quart d'heure plus tard, un faucon crécerelle se pose. Aïe, il apparaît vraiment minuscule, aussi bien aux jumelles qu'avec l'objectif. Même si l'aigle est un peu plus grand, on est encore trop loin pour faire de bons clichés. Ça ne fait rien, je profite quand même de ces instants. L'oiseau mâle lisse son plumage avec son bec, consciencieusement. Soudain, il décolle dans de grands cris. Un aigle adulte reprend possession de son bien. Le crécerelle ne l'entend pas de cette oreille, et pendant une quinzaine de minutes, il n'aura de cesse d'harceler l'arrivant. A lui aussi ce perchoir convient. Son aire est du côté sud de la crête... L'aigle, bien qu'ayant l'avantage de la taille, reste sur ses gardes. Il ne quitte pas le crécerelle des yeux et baisse la tête quand l'assaillant passe de trop près.

Le faucon finit par se lasser et s'en va chercher un autre reposoir. L'aigle commence son entretien de plumage. Soudain, un cri s'élève de la face nord, à gauche sous moi. L'oiseau s'arrête, dresse la tête, semble perplexe. Les cris continuent, il est toujours hésitant mais finit par décoller. Je sors la tête de l'affût, ne le voit toujours pas. J'enrage... Il est sous moi à une centaine de mètres. Je le suis aux jumelles, il finit par se poser sur une corniche que nous avions repérée avec Olivier. Les cris diminuent en intensité. L'aire est maintenant connue !

Après avoir grignoté un bout, je m'étends au soleil, sommeille un peu. Aux jumelles j'aperçois un faucon perché sur un pin sylvestre. Aucun doute, c'est un des pélerins du couple qui niche pas loin. Il restera une heure ainsi.

En début d'après-midi, l'aigle revient se poser. Mais il m'a repéré, il a l'air inquiet. Au bout de 10 minutes, il quitte le reposoir. Je décide de le laisser en paix et de redescendre.

La lumière de l'après midi est bien meilleure : on voit nettement le cou doré et les teintes sombres de l'adulte
1er Avril
Suite 6 avril